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96 minutes – 16 mm – noir/blanc – 24 i/s – son optique. Théophanie a été mis en chantier fin 1973. Le tournage a eu lieu l’été 74, grâce à une équipe bénévole, en Norvège et dans l’Aveyron, au château de Najac. Le montage image, l’enregistrement du son, puis le montage son ont été réalisés petit à petit jusque fin 77. Le mixage a été enregistré le 16 février 78. La conformation de l’original et le tirage de la copie 0 ont été achevés fin 78. Argument« L’Éternel Dieu dit :
“Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du
bien et du mal. Empêchons-le maintenant d’avancer sa main, de prendre de
l’arbre de vie, d’en manger, et de vivre éternellement.” Et l’Éternel
Dieu le chassa du jardin d’Eden, pour qu’il cultivât la terre, d’où il
avait été pris. C’est ainsi qu’il chassa Adam ; et il mit à
l’orient du jardin d’Eden les chérubins qui agitent une épée flamboyante,
pour garder le chemin de l’arbre de vie. » (Genèse, 3) Théophanie est une sorte de « mythologie moderne » ou le schéma de la vie d’un créateur. Le dieu des chrétiens a chassé l’homme du paradis, et l’empêche de revenir auprès de l’arbre de vie et de connaissance : en reprenant les termes de ce mythe, on peut dire que tout créateur fait non sans péril le chemin inverse, retourne vers l’arbre de la connaissance et de l’immortalité, repousse un instant les chérubins, s’empare de quelques fruits, et les rapporte aux autres mortels.
RésuméIntroduction: « Le grand et le petit infinis étaient joints par le temps infini. Un créateur, premier dieu, vint au milieu du tout. Beaucoup de pareils et différents hommes vinrent ensuite. » Un enfant vient au monde d’une manière extraordinaire. La mère (« Géline ») l’accepte et le nomme « Pélagios ». Le père (« Léo ») au contraire, le refuse et cherche à s’en débarrasser. Chaque fois, une coïncidence quasi miraculeuse sauve Pélagios. Finalement, le père reconnaît l’enfant, et se joint à la mère pour lui donner une éducation de base : écriture, culture physique, volonté, ambition d’être parmi les hommes. Pélagios quitte ses parents. Il est confronté à la vie et a ses tentations : le sommeil, la sexualité considérée comme une fin, le suicide, la chapelle d’une doctrine sectaire, fermée sur elle-même. Pélagios arrive devant un vieux château fortifié, où l’arbre de la connaissance est maintenu hors de portée des « hommes ». Pélagios parvient à vaincre ces anges infirmes, défenseurs du château. Il accède à l’arbre et, après de longues et difficiles recherches, il peut cueillir quelques fruits, encore inconnus dans le monde. Pélagios redescend vers la ville, et distribue aux habitants les connaissances qu’il a acquises : l’amour, la joie, le sens de la vie, la carte logique du savoir, enfin il donne même la méthode de création elle-même. Pélagios a vieilli. Il rencontre un enfant qui lui demande l’immortalité concrète. Pélagios n’a plus les moyens de répondre à cette demande. Anéanti par l’échec, il ne peut se défendre contre les infirmes, qui étaient à sa recherche, et qui se saisissent de lui. Pélagios est reconduit au château et mis à mort, non sans que les infirmes se soient longuement vengés de son vol d’autrefois. Mais le nouvel enfant, toujours en quête de l’immortalité concrète et d’autres richesses, est victorieux à son tour des pièges du château et parvient à l’arbre de vie. Conclusion: « Tous les hommes ne sont pas égaux ; certains sont des dieux, d’autres sont des mortels. Le paradis sera atteint quand nous serons tous dieux, tous maîtres. » (Cette dernière formule, ainsi que plusieurs idées contenues dans le film, viennent des théories d’Isidore Isou.) Pourquoi Théophanie ?J’ai fait Théophanie comme j’ai fait L’Autre: pour le plaisir, le mien d’abord. Si ce cinéma ne peut procurer aucun plaisir aux autres, qu’on le brûle après ma mort. En attendant, je ne vois pas comment je pourrais me fixer un autre but que de décrire mes désirs avec les moyens pour lesquels j’ai opté. Les désirs en question sont trop vagues et trop inconsistants pour être l’objet d’autre chose que d’un « poème ». Que ce soit désir d’un échange humain, désir d’introduire dans la société une création personnelle, ou désir de saisir la vie et la mort, ils perdraient leur sens à être examinés logiquement. Les moyens que j’utilise, partent du mot « cinéprose » trouvé dans le livre Les Journaux des dieux d’Isidore Isou. Ils allient deux disciplines inalliables : le cinéma et la littérature. La première est fascinante par l’immédiateté de sa figuration, par le modelé de son réel ; la seconde possède en contre-partie une possibilité d’abstraction bien plus vaste, et dispose d’une liberté plus grande dans la conception d’espaces imaginaires. La viabilité de cette formule sera exactement proportionnelle, justement, au plaisir que prendront les spectateurs devant l’écran. Malgré toutes ces interrogations, il i restera une certitude : la joie du tournage, de l’enregistrement et du montage avec les gens qui m’ont aide bénévolement, et que je souhaite pouvoir remercier concrètement, en étant a mon tour l’un des ouvriers de leurs prochaines réalisations. CinéproseLe découpage du film s’appuie sur un texte de départ dont chaque mot a été traduit par un plan. Le rythme du filin est donc celui d’une syntaxe. Le film ne comporte aucun son d’ambiance, et les rares dialogues sont traduits en images (fenêtre découpée sur la bouche du locuteur). La bande-son est une musique électro-acoustique, qui raconte, avec ses propres moyens, la même anecdote que la bande-image. Les noms que nous donnons ici aux personnages (« Léo » pour le père, « Géline » pour la mère, « Pélagios » pour le créateur, etc.) n’apparaissent pas dans le film, où les noms propres sont remplacés par une image abstraite.
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Image |
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Pierre JOUVET |
découpage et réalisation |
Annie JANICOT |
assistante à la réalisation |
Bernard MANGIANTE |
assistant à la réalisation et photographe de plateau |
Kathleen DELZANT |
accessoires, costumes, et maquillage |
Anna GAUFFRE |
scripte |
Pierre-Jean BARTHEYE |
opérateur de prise de vue |
Marie-Pierre CABIE |
assistante‑opérateur |
Arnaud BOLAND |
montage |
Laurence ALBRECHT |
la mère |
Yvan ZABALOÏEFF |
le père |
Nordine BOUZI |
l’enfant (le créateur) |
François CAMPANA |
Les ennemis du créateur |
Marie-Pascale GAUFFRE et Thierry LOUBET | les deux enfants |
Pierre-Jean BARTHEYE |
le vagabond |
Marie-Pierre CABIE |
l’immobile |
Pierre GAUFFRE |
le pèlerin |
Vala POPLAVSKY |
la tourneuse |
François GAUFFRE |
le nouvel enfant |
Son |
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Pierre JOUVET |
partition et réalisation |
GRIMAUD |
collaborateur pour la partition et la réalisation |
Éric FAUCHERRE |
enregistrement |
Mona FILLIERES |
repiquage |
Antoine BONFANTI |
mixage |
Françoise ACHARD, Pascale DEFRETIN, GRIMAUD, et Bernard VITET |
sons avec la voix, le corps, et autres |
Patrick CHESNAIS |
batterie |
Bernard COUSINIER |
voix et tablas |
César GALINDO et Ariela VERGARA |
espagnol |
Annie JANICOT |
français |
Prosper,N’GOMA |
congolais |
Sigrid NIEDERMIAYER |
allemand |
CHOU SCHI-CHENG |
chinois |
Vladimir SLEPIAN |
russe |
Chiharu TANAKA |
japonais |
Anne VILLECHAIZE |
anglais |
Yousfi YAHYA |
arabe |
Annick BONNET-DUPEYRON | Portraits du « nouvel enfant » |
Nous tenons à remercier tout particulièrement pour leur aide : |
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Jean-Serge BRETON |
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Pierre et Michèle GAUFFRE |
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Madame la Comtesse de MONTALIVET. |
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Produit par Denise JOUVET. |